La collection de l'Espace Alu
L'Espace Alu possède une collection d'objets en aluminium datant de la fin du XIXème siècle à nos jours. Elle est composée de 3000 à 5000 pièces exposées dans le musée ou conservées dans les réserves. Cette collection été constituée en grande partie avant l'ouverture du musée par l'Association pour un Musée Mauriennais de l'Aluminium (AMMA), soit par des dons, soit par des achats. Elle est enrichie au sein du musée par des objets de la collection Jean Plateau, propriétaire de la plus importante collection d'objets en aluminium de France.
La salle des objets
800 objets sont actuellement exposés dans le musée. Une salle, au premier étage du musée, leur est entièrement dédiée. Chaque visiteur découvre ainsi des objets connus mais également des objets insolites.
A travers des vitrines thématiques - l'art, les jouets, les sports, l'électroménager, les emballages et l'art de la table - et chronologiques, l'histoire des objets en aluminium offre un saisissant condensé de l'histoire du XXème siècle.
Les réserves
Ces réserves servent à conserver, dans les meilleures conditions possibles, les objets non exposés au musée.
Plus de 2000 objets sont actuellement conservés dans les réserves de l'Espace Alu.
Les pièces remarquables
L'Espace Alu possède dans sa collection quelques pièces remarquables.
La tapisserie "Calypso"
« Calypso » est une tapisserie d'Aubusson dont le carton a été peint par Lucien Coutaud, peintre proche des surréalistes (1904-1977). Elle lui a été commandée en 1948 par la Compagnie des Produits Chimiques et Électrométallurgies Alais Froges Camargue, qui deviendra en 1950 la Compagnie Pechiney.
Elle représente une allégorie mythologique de la production de l’aluminium, de l’extraction du minerai à la fonderie du métal.
C’est une pièce unique, classé au titre des Monuments historiques en 2017.
La cuve "bateau"
Caisson en tôle rivetée, utilisé dans les cuves d'électrolyse de production d’aluminium de type « bateau ». Ce surnom vient de la forme ovale du caisson et de l'alignement des tiges d'anodes semblables à des mâts de bateaux.
Au début des années 1910, les cuves « bateau » sont conçues et installées à l’usine de St-Jean-de-Maurienne. Elles sont ensuite transférées à l’usine de Calypso, en service jusqu’en 1932.
En 1994, lors du chantier de l’autoroute A43, ce caisson est retrouvé dans l’Arc, à St-Jean-de-Maurienne. Il est recueilli en l’état par l'Association pour un Musée Mauriennais de l'Aluminium (AMMA). En septembre 2014, Rio Tinto Alcan en fait don, après restauration, à la commune de St-Michel-de-Maurienne.
Le caisson fait aujourd'hui partie de la collection de l'Espace Alu. Il est installé au bord de la route, à l'entrée de St-Michel-de-Maurienne.
Le livre et l'épée d'académicien
d'Henri Sainte-Claire Deville
Henri Sainte-Claire Deville (1818-1881) est un chimiste français, connu principalement pour ses travaux sur l'aluminium. Il est en effet le premier, en 1854, à produire de l'aluminium pur. En 1859, il publie un ouvrage titré "De l'aluminium", où il prévoit l'utilisation future de ce métal. « L'aluminium est susceptible de devenir un métal usuel » écrit-il.
En 1861, il est élu membre de l'Académie des sciences (section de minéralogie et géologie), tout comme son frère Charles quelques années auparavant (1857). Comme la plupart des Académiciens, Henri Sainte-Claire Deville possédait une épée d'apparat, ornée de ses initiales. Cette épée, conservée par la famille Sainte-Claire Deville après sa mort, a été donnée à l'Espace Alu en 2010 par Gérard Sainte-Claire Deville, arrière petit-fils d'Henri.
L'aluminium chimique
De 1860 à 1890, le procédé de production de l'aluminium est celui d’Henri Sainte-Claire Deville, par voie chimique. C'est une production très couteuse et très longue. En 30 ans de cette production, la quantité d’aluminium produite équivaut à celle de nos jours en 35 secondes.
Métal nouveau, rare et donc précieux, l’aluminium est d’abord utilisé pour faire des objets d’art et des bijoux. Il vaut, à cette époque, plus cher que l’argent. Napoléon III aime et soutient les recherches sur ce métal. Le 1er objet d’art réalisé en aluminium est d'ailleurs un hochet destiné au Prince impérial et réalisé en 1856.
Les applications vont ensuite se diversifier un peu, avec des objets de bureau, nécessaires de voyage, accessoires pour fumeurs…
L'artisanant des tranchées
Le conflit de 1914-18 marque un tournant décisif dans l'essor de l'industrie de l'aluminium. La production augmente considérablement pour répondre à la demande militaire : équipements des soldats, munitions, aviation...
Dans les tranchées, les poilus pour résister à l'horreur de la guerre et au désœuvrement inventent une occupation artistique. Ils récupèrent l'aluminium des obus allemands et ils fabriquent des bagues, pendentifs, ronds de serviettes... qu’ils envoient à l’arrière pour leurs mères, leurs femmes, leurs fiancées. Des témoignages très émouvants relatent ces histoires. Parmi ces soldats, il y avait des orfèvres, des bijoutiers qui ont réalisé de véritables objets d'art, mais aussi un célèbre poète, Guillaume Apollinaire, qui écrivit ces vers pour sa fiancée, Madeleine :
« Vous m'attendez ayant aux doigts
De pauvres bagues en aluminium,
pâle comme l’absence
Et tendre comme le souvenir
Métal de notre amour métal semblable à l'aube »